La multiplication de Coffea arabica par embryogenèse somatique
Parmi les techniques possibles de micropropagation, la multiplication végétative par embryogenèse somatique est de loin la plus prometteuse pour la diffusion rapide et à grande échelle d’individus élites. Pourtant à ce jour, il n’existe que de très rares exemples de procédés de propagation par embryogenèse somatique appliqués au niveau commercial. Les verrous sont multiples et se situent le plus souvent au niveau d’un effet génotypique important en particulier pour l’obtention de tissus embryogènes, au niveau de la qualité des embryons somatiques régénérés, de l’incidence de variations somaclonales et plus généralement au niveau du manque de reproductibilité et d’efficacité de certaines étapes, conduisant à des coûts de production jusqu’ici prohibitifs. Les recherches sur l’embryogenèse somatique du caféier ont débuté dans différents instituts, y compris le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), dès la fin des années 1970. Entre 1995 et 2001, le Cirad a fait évoluer la technique utilisée à l’échelle d’un laboratoire de recherche vers un procédé permettant la diffusion industrielle d’hybrides F1 de Coffea arabica extrêmement prometteurs. Au cours de cette période, deux innovations technologiques ont rendu le transfert industriel économiquement possible : la production en masse d’embryons somatiques en bioréacteurs à immersion temporaire et la possibilité de les semer directement en pépinière. Parallèlement, des données rassurantes concernant la conformité génétique des plantes régénérées étaient obtenues (fréquence de variations somaclonales?<\;?3 %). En 2002, le Cirad en partenariat avec le groupe ECOM a décidé le transfert industriel de la méthode d’embryogenèse somatique pour diffuser en Amérique centrale quatre clones d’hybrides d’Arabica sélectionnés pour des systèmes de culture agroforestiers. Le présent article décrit chez le caféier les différentes étapes et les difficultés qui ont dû être surmontées jusqu’à un transfert technologique réussi en 2010 et à un des tout premiers exemples d’application commerciale de la technique d’embryogenèse somatique.